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DU SUD DE LA MONTAGNE DE LURE AUX SÉPULTURES DE GRIMALDI : LE SILEX ZONÉ STAMPIEN DIT « DU LARGUE » Un matériau de prestige du Paléolithique supérieur liguro-provençal par Gérard ONORATINI*, Patrick SIMON**, Fabio NEGRINO***, Dominique CAUCHE****, Pierre-Élie MOULLÉ*****, Almudena ARELLANO *****, Valentina BORGIA ******, Barbara VOYTEK******* et Simona ARRIGHI******

Mots-clés.– Offrande funéraire, silex oligocène, sépulture paléolithique, pétrographie, géologie, Provence, Ligurie. Résumé.– Un silex stampien zoné, très apprécié au Gravettien, se retrouve en offrande, sous forme de grandes lames ou d’outils, dans plusieurs sépultures des grottes de Grimaldi (Barma Grande, Baousso da Torre, et Grotte des Enfants). Ce matériau exotique d’aspect xyloïde provient du pied méridional de la montagne de Lure dans les Alpes-de-Haute-Provence. La zone d’exploitation                                        supérieur jusqu’ici était supposé absent, et où nos investigations ont prouvé une exploitation certaine et importante de ce matériau à   !           "       #   le Protoaurignacien, mais c’est au Gravettien ancien que ce silex allochtone prend toute sa valeur symbolique et acquiert le statut de matériau de prestige dans un contexte funéraire.                        Keywords.–$   % &       '*'  ! Abstract.–+  "  # &  '     *     /

     

          several graves of the Grimaldi caves (Barma Grande, Baousso da Torre and Fanciulli Cave). This exotic raw material of xyloid aspect proceeds from the Southern foot of the mountain of Lure in the High Provence. The area of exploitation sometimes covers the famous extraction’s workshops of the Late Neolithic in the Largue valley, a sector where the Upper Palaeolithic up to here was supposed absent, and where our investigations proved a sure and important exploitation of this raw material during this period. The 3        4

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* Institut de Paléontologie Humaine, CNRS UMR 7194, Europôle de l’Arbois, Bâtiment Villemin, BP80, 13545 Aix-en-Provence Cedex 4, France. Auteur correspondant : [email protected] ** Musée d’Anthropologie Préhistorique de Monaco, 56 bis Boulevard du Jardin Exotique, 98000 Monaco *** Dipartimento di Scienze Archeologiche, Università di Pisa, Via Santa Maria, 53 - 56126 Pisa, Italie **** Laboratoire départemental de Préhistoire du Lazaret, USM 204 du Département de Préhistoire du Muséum national d’Histoire naturelle et UMR 7194 du CNRS, 33 bis Boulevard Franck-Pilatte, 06300 Nice, France ***** Musée de Préhistoire régionale de Menton, rue Loredan-Larchey, 06500 Menton, France ****** Dipartimento di Scienze Ambientali, U.R. Ecologia Preistorica, Università di Siena, Via Tommaso Pendola, 67 – Siena, Italie ******* Archaeological Research Facility, University of California, Berkeley, U.S.A

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Gérard ONORATINI et al.

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I.- INTRODUCTION : LA PROBLÉMATIQUE DU SILEX ZONÉ ET DES OFFRANDES À GRIMALDI

II.- LES DÉCOUVERTES DES SITES DE LA VALLÉE DU LARGUE

C’est en 1872, par la découverte du premier « Homme de Menton » dans la grotte du Cavillon, une des multiples grottes de Grimaldi (Vintimille, Italie), qu’Émile Rivière pose la question de l’inhumation au Paléolithique avec offrandes d’objets. Très vite ses recherches dans la sixième caverne vont entraîner la mise au jour de trois nouveaux squelettes d’Homo sapiens dans Baousso da Torre. C’est à propos de cette grotte qu’en 1873 et 1887 Émile Rivière (1887) pose la problématique des lames de silex de taille exceptionnelle parmi les milliers de silex qu’il exhume dans les niveaux archéologiques du Paléolithique supérieur de Ligurie et surtout qu’il évoque la question de silex exotiques dont le silex zoné qui jouera bien plus tard un grand rôle dans le Chalcolithique provençal (pl. I). « Parmi les lames, nous devons citer plusieurs pièces absolument remarquables par leurs dimensions… elles proviennent toutes de la sixième caverne… les seules lames de grande taille que nous ayons trouvées dans les cavernes de Menton… le numéro 1, en silex rubané, ne mesure pas moins de 0m208… Le numéro 2 est un très beau couteau, entier et intact, en silex également rubané, long de 0m184… Le numéro 3, de même nature comme silex que les deux précédents, est plus petit et mesure 0m125… la lame numéro 4 était une des pièces ornant le premier cadavre d’adulte de cette caverne, accolée qu’elle était au scapulum droit, probablement comme l’un des objets les plus précieux qui aient appartenu à l’individu… la lame numéro 5 a été trouvée dans la partie opposée de la caverne, près de la paroi gauche, et à 3m80 de profondeur, dans le voisinage des grandes lames que nous avons décrites tout à l’heure (1,2,3) et qui ont été recueillies à 3m70… Si l’on rapproche les deux lames 4 et 5 l’une de l’autre, on s’aperçoit immédiatement que non seulement elles proviennent du même nucléus, mais encore qu’elles ont été détachées immédiatement l’une après l’autre de ce nucléus. Bien que ces deux lames proviennent du même silex — silex pyromaque — elles n’ont pas été trouvées au même niveau dans la sixième caverne. » Il s’avère que les découvertes postérieures de nouvelles sépultures à Grimaldi dans la Barma Grande mais aussi  $   "     zoné exotique comme matériau de prestige et d’offrande au Paléolithique supérieur. Nos recherches sur ce matériau sur le terrain provençal et dans les musées de Monaco et de Menton, ont montré son utilisation dès le Protoaurignacien et son usage  *  ?Q    !3  de la position stratigraphique du matériau zoné et de sites anciennement ou nouvellement découverts dans le bassin de Forcalquier, réputé sans Paléolithique supérieur, nous a montré une exploitation, certes discrète mais certaine, de ce matériau avec transport des produits débités vers les sites de Provence orientale et de Ligurie.

La zone d’approvisionnement en silex zonés que nous avons étudiée se situe au N de Forcalquier, au pied de la Montagne de Lure, à l’W de la vallée de la Durance. C’est l’Abbé Arnaud d’Agnel qui évoque pour la première fois des ateliers de taille à propos des sites autour de Vachères et signale la découverte de onze maillets de pierre dans le site de Pichoyet en bordure du Largue (d’Agnel et Allec, 1901 ; d’Agnel, 1902). Peu après, des silex paléolithiques, collectés par MM. Col et Leroy, habitant Revestdes-Brousses, furent signalés en 1906 par Salomon Reinach. Mais c’est surtout Marc Deydier qui, après s’être intéressé aux maillets à rainure du Néolithique, publia dans deux articles les stations paléolithiques de la vallée du Largue, faisant remonter les sites les plus anciens au Chelléen, certains au Moustérien, d’autres plus récents au Solutréen et au Magdalénien (Deydier, 1905, 1908 et 1909). De nombreuses séries lithiques ont été collectées anciennement sur toutes les stations de cette région par Vayson de Pradenne et le Colonel Vésigné. Plus récemment, de nombreux chercheurs et amateurs s’intéressèrent à ces gisements : l’Abbé Pierre Martel, Jules Mougins, ancien facteur à Revest-des-Brousses, H. de Lumley de 1957 à 1987 (de Lumley, 1969), J. Jaubert et L. Slimak pour le Paléolithique ancien et moyen (Slimak et al., 2004, 2005). Le Paléolithique supérieur avait toujours été considéré comme absent dans ce secteur (absence de peuplement ou exploitation du matériau hors du secteur, Jaubert, 1990). Or la présence de ce matériau exotique dans divers sites du Paléolithique supérieur varois et de Ligurie, ainsi que la découverte, par l’un d’entre nous (G.O.) en 1974, de plusieurs indices du Paléolithique supérieur sur diverses stations, nous a incités à reprendre l’étude strati     Z![\!

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III.- POSITION STRATIGRAPHIQUE PRIMAIRE DES MATÉRIAUX DANS LE BASSIN SUD DE LURE Au front des calcaires urgoniens (Bédoulien) constituant & ]     

44^_]_ en grabens, limitée par la faille de la Durance à l’E, est emplie d’une sédimentation marine albo-cénomanienne :

        Z  ?_\ " discordance par des formations éocènes et oligocènes consti &  '  `  ^$  ?{ de « molasse » du Miocène, bordée au S par l’anticlinal du Luberon. Cet ensemble structural est profondément entaillé par un réseau hydrographique complexe constitué par les cours  |] #   &  ' qui viennent ensuite se jeter à l’E dans la Durance (entre la Brillanne et Volx) et à l’W par le Calavon qui rejoint ensuite la Durance à Cavaillon. La série du Stampien inférieur et supérieur (à silex zonés) qui intéressait les chasseurs paléolithiques, repose sur un mur constitué par un ensemble évaporitique et   }Z!~\. Dans le bassin d’Apt, au-dessus des sables glauconieux (Ludien inférieur), des niveaux à lignites de la Débruge associés aux calcaires à Cyrena dumasi marquent le Ludien moyen

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sables ocreux renfermant les silex du Paléolithique ancien, moyen et du Paléolithique supérieur. Ce niveau pléistocène montre la présence d’éclats acheuléens (fig. 8, n° 5), de    "   Z![‚Š[\"  

         Z!—Š![‚Š~\! Il s’agit de plusieurs produits corticaux et notamment d’un nucléus en silex zoné à un plan de frappe très incliné. Nous avons pu aussi mettre en évidence plusieurs petites stations d’exploitation tout au long du glacis marneux pléistocène à silex, épandu au front de la barre des calcaires du Stampien supérieur (avec zones d’écroulement) formant cuesta depuis la Laye, à l’W de Saint-Étienne-les-Orgues jusqu’au Lauzon Z![[\!„       '          sites ont montré que ces formations pléistocènes sont caractérisées par la présence de goethite et kaolinite héritées d’an    "     !Ž   ""         "" *   Z![~\ comme ceux du Paléolithique ancien (cf. Baume Bonne) et moyen, ont prospecté ces terrains anciens pour prélever les bons rognons de silex naturellement triés et concentrés par l’érosion. Ainsi sur ces sites d’exploitation fugace voisinent des matériaux crétacés, ludiens et stampiens naturellement associés dans la formation mio-pléistocène, démantelée. Les rares éléments abandonnés sur place sont les mauvais éléments et les éclats corticaux des matériaux testés ; le reste, cortex compris, étant emporté souvent comme le montrent les sites de l’Estérel. Les formations ensuite érodées vont souvent entraîner la mise à nu des matériaux et leur disparition rapide par gélifraction. D’autres sites témoignent de l’exploitation paléolithique, en surface structurale, des calcaires de Vachères  &  " ?   ?_ de la zone (stations de Pilambert, les Clausses et Peymian) qu’à l’E (stations de Fontienne, les Blaches, Piéchabert et le Revest).

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Fig. 9 Station de Revest-des-Brousses 1 (G. Onoratini). Outside site of Revest-des-Brousses 1 (G. Onoratini).

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Fig. 10 Station de Revest-des-Brousses : nuclei en silex zoné (1- Moustérien et 2- Aurignacien ; dessin D. Cauche). Outside site of Revest-des-Brousses:   

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2- Aurignacian ; drawing D. Cauche).

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Fig. 11 Stations du Revest (dessin D. Cauche). Outside sites of Revest (drawing D. Cauche).

VI.- CONCLUSIONS : MODE D’EXPLOITATION ET DIFFUSION DU SILEX OLIGOCÈNE ET DU SILEX ZONÉ A - Au Paléolithique inférieur et moyen Concernant le Paléolithique inférieur, certains auteurs avaient déjà montré dans ce secteur la présence de stations acheuléennes pouvant témoigner d’occupations assez prolongées, comme à Plan de Gondran et aux Clausses, surplombant le cours du Largue (de Lumley, 1969). Ces matériaux siliceux zonés sont également signalés dans des niveaux du Paléolithique inférieur de gisements situés à une quarantaine de kilomètres à vol d’oiseau, comme la Baume Bonne à Quinson (Notter, 2007). Le silex zoné du Largue s’y retrouve sous forme d’éclats de façonnage de bifaces, de pointes de bifaces, mais aussi sous forme de petits outils retouchés, comme par exemple des limaces. Le secteur au S de la montagne de Lure faisait donc partie des zones d’approvisionnement en matières premières lithiques pour les groupes humains du Paléolithique inférieur, à plus de 40 km d’un des sites d’utilisation (La Baume Bonne). D’autres recherches effectuées dans la vallée du Largue "         "' dans ce secteur et ont aussi montré l’existence d’ateliers de taille (Jaubert, 1990) et d’« habitats » avec l’Acheuléen supérieur de type méditerranéen de la Combe-Joubert (Slimak et al., 2004, 2005). Ces auteurs ont montré qu’au Moustérien, un atelier d’exploitation d’une surface structurale des mêmes calcaires dans le site des Craux, non loin de la Combe-Joubert, témoignait du simple passage de groupes moustériens qui emportaient leurs productions. B - Au Paléolithique supérieur On sait que durant le Paléolithique supérieur en général les déplacements pour la recherche de bons matériaux sont

toujours réalisés sur de longues distances. La diversification d’approvisionnement en bons matériaux explose dans le Sud-Est avec le Protoaurignacien. En ce qui concerne le

# ? "  ""  blond (Bédoulien) de provenance lointaine et recherché pour fabriquer l’outillage domestique ou de chasse. Au Gravettien la même chose se produit mais le silex zoné prend un statut particulier, celui d’offrande funéraire. Dans la zone d’approvisionnement, en plus des bons "      &  €   ! trois stratégies sont employées par ces hommes modernes : - l’exploitation de la vieille nappe démantelée, à galets siliceux, surmontant les sables albo-cénomaniens, - l’exploitation en surface structurale de deux ensembles stratigraphiques carbonatés renfermant différents niveaux de rognons et plaquettes de silex zonés, - l’exploitation en parcourant les glacis d’éboulement, des calcaires oligocènes dits de La Fayette et de Vachères formant cuestas. Ces deux derniers modes d’investigation conduisent à des cheminements de direction E-W de la vallée de la Durance vers la vallée du Rhône par le Calavon. Ainsi, en plus des déplacements de matériaux utilisant les voies naturelles du réseau hydrographique, on observe dans ces stratégies d’approvisionnement d’autres voies de déplacement par les hommes du Paléolithique. Les territoires d’approvisionnement des hommes du Gravettien s’organisent géographiquement selon deux grands axes : d’une part les déplacements suivent les   ""     Z„    & € Calavon, Largue, Laye, Lauzon), vallées orientées E-W et S-N, et d’autre part, parfois des chemins transversaux sont empruntés : fronts et surfaces de cuestas, entraînant des relations entre les groupes paléolithiques rhodaniens et vauclusiens occidentaux et les groupes gravettiens orientaux de Provence et Ligurie. Ces derniers entretiennent d’étroites relations avec les Gravettiens du N de l’Italie comme nous l’avons montré

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Fig. 12 Station de la Laye : nucléus bipolaire sur grande lame de silex zoné. Gravettien (dessin D. Cauche). W    "!        ?  

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pour certains matériaux du Gratadis (Onoratini et al., 2008). Ce schéma a aussi été observé dans d’autres régions tant en Périgord (Morala, 1990) que dans la Creuse (Aubry, 2005). Si le Paléolithique supérieur a toujours été ignoré dans ce secteur c’est que le plus souvent les Gravettiens ont simplement testé les blocs ne laissant que quelques produits corticaux et de rares nucléus. Ce fait est corroboré à l’Arénien où dans des sites comme Rainaude une plaquette entière avec son cortex a servi de nucléus. De plus, les zones marneuses parcourues, très fragiles, ainsi que les ramassages répétés des collectionneurs ont entraîné la dispersion des rares matériaux. 4 #     "     Z \  tuaient pas un attrait pour une installation de longue durée mais ™   

     "  matériau dans sa totalité.

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Ainsi l’exploitation stratégique et privilégiée d’horizons appropriés d’un silex stampien zoné (à l’aspect bicolore tranché et xyloïde artistique) sous forme de très grands rognons a conféré à ce silex une valeur unique, permettant la création d’objets exceptionnels et l’attribution d’un statut de matériau de prestige et d’offrande funéraire pour les Gravettiens de Provence et de Ligurie. Note : Références des industries lithiques en silex de la Barma Grande Z ‡ \   †      de Menton. Lame non retouchée (Gravettien ancien / Bayacien) : MPRM.P 12189. Burin dièdre (Épigravettien / Arénien) : MPRM.P 16792.

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Pl. I Planche III de l’ouvrage d’Émile Rivière « De l’Antiquité de l’Homme dans les Alpes-Maritimes » (1887). Plate III extract from book : « De l’Antiquité de l’Homme dans les Alpes-Maritimes », É. Rivière (1887). Bull. Mus. Anthropol. préhist. Monaco, n° 51, 2011

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Pl. II A. Burin multiple mixte de la Barma Grande. B. Nodule de silex zoné du Revest (photographie P.-E. Moullé). J VZ     & '  & [        \

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