Livre 8.indb

PAV Revue de l’Académie de la Vigne et du Vin - France International

Recherche de vignobles productifs compétitifs. Ici Syrah en Taille Minimale-non taille à l’INRA de Pech Rouge N° 8- 2010 Bi-mensuel

127

ème

année

numéro du 15 au 30 avril

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Agricole et Viticole Fondateur : Léon DEGRULLY Anciens Directeurs : L. RAVAZ - P. DEGRULLY G. BUCHET - J. BRANAS et D. BOUBALS DIRECTION : A. CARBONNEAU Secrétariat : Catherine PIOCH COMITÉ DE RÉDACTION Bureau : Directeur : CARBONNEAU A., Montpellier (SupAgro) Secrétaire scientifique : OLLÉ D., Montpellier (SupAgro) Correspondant international : OJEDA H., Pech Rouge (INRA) Documentaliste : DOMERGUE D., Siran Membres : AIGRAIN P, Paris (FranceAgriMer) BERGER J-L, Paris (IFV) BERNARD R, Dijon BOIDRON R, Macon BONNET B, Gigondas BOURSIQUOT J-M, Montpellier (SupAgro) DUBOS J, Toulouse (Euro Vin News) ESCUDIER J-L, Pech Rouge (INRA) HANNIN H, Montpellier (SupAgro) MARTIN J-C, Montpellier MERRIEN O, Lattes (ICV) MOLOT B, Nîmes (IFV) MONCOMBLE D, Epernay (CIVC) MOUTOUNET M, Montpellier POINSO B, Montpellier (SupAgro) RAZUNGLES A, Montpellier (SupAgro) RIOU C, Orange (InterRhône) ROBY J-P, Bordeaux (ENITA) TORREGROSA L, Montpellier (SupAgro)

PAV

Édité par la Sté Le Progrès Agricole et Viticole 1 bis, rue de Verdun / 34000 MONTPELLIER Tél.04 67 58 59 76 - Fax : 04 99 06 09 38 Email : [email protected] Prix du numéro : 10,76 Euros ttc Gérant : Olivier Auboin-Vermorel N°Commission paritaire papier de presse : 69065 Publicité : Au siège du journal

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127e Année

N° 8 - 2010

sommaire CARBONNEAU A. — Chronique La robustesse qualitative des cépages .................. 157 COMPTE RENDU GiESCO 16 : WILLWERTH J. J., REYNOLDS A. G., AND LESSCHAEVE I. — Terroirs factors : their impact in the vineyard and on the sensory profiles of Riesling wines ...... 159 COMPTE RENDU EUROVITI 2009 : BOURSIQUOT J.-M. — Vignobles compétitifs et marché mondial : porte-greffes, variétés et clones de vigne adaptés .................................... 169 COMMUNIQUÉS : — Chambres d’Agriculture : le Président de la République fait entendre la primauté du politique ................................................................... 158 — Maîtriser le conditionnement en BIB .......................... 170

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127ème Année

N°8 - 2010

Chronique LA ROBUSTESSE QUALITATIVE DES CÉPAGES

Professeur Alain CARBONNEAU Montpellier SupAgro, Institut des Hautes Etudes de la Vigne et du Vin, Bâtiment 28 / 2 place Pierre Viala, F-34060 MONTPELLIER cedex 1 Tél : (+33) (0)4 99 61 23 60 / Fax : (+33) (0)4 99 61 30 43 / e-mail : [email protected]

La question de la robustesse qualitative des cépages est posée au travers de la mise au point de systèmes viticoles rentables dans le contexte international, à haut rendement et faible coût. Jusqu’à quel niveau de rendement et avec quel système de conduite un cépage est-il capable de garder l’essentiel de ses caractères typiques au niveau des vins ? Dans une large mesure, ceci revient à étudier la qualité du vin produite par un cépage conduit en Taille Minimale – non taille. Il est possible de qualifier de ‘robustes’ les cépages capables de maintenir une qualité de vin acceptable sous haut rendement, et de ‘restrictifs’ ceux dont la typicité ou la qualité ne s’obtiennent que pour des rendements relativement bas (par analogie avec la terminologie adoptée pour les systèmes de conduite : Carbonneau et Cargnello, 2003. Architectures de la Vigne et systèmes de conduite. Dunod Ed.). Une question peut se poser quant au lien possible avec la ‘rusticité’ du cépage, en d’autres termes son aptitude à tolérer suffisamment bien des agressions de l’environnement comme la sécheresse, des températures élevées, voire certains bioagresseurs. Il semble, d’après certaines expériences, que ce lien n’existe pas réellement. Si l’on considère le Carignan, il est connu comme rustique et capable de se développer et produire correctement dans des environnements chauds et secs. Pour autant, sa ‘robustesse qualitative’ est faible, puisqu’il apparaît qu’il n’est capable de produire des vins de qualité qu’avec des rendements faibles à très faibles. Nos essais au domaine de Montpellier SupAgro/INRA du Chapitre dans les années 1993-1997 (résultats publiés dans le cadre du projet européen AIR1743 sur la maîtrise des rendements) avaient montré qu’un seuil maximum d’environ 4-5 t/ha était nécessaire à respecter pour produire un vin de qualité avec un Carignan conduit en Gobelet ou en Espalier : maturité du raisin autour de 13 %TAV, vin riche et équilibré, sans perception notable d’astringence ni d’amertume qui apparaissent souvent dans les vins de ce cépage. Par comparaison et dans la même parcelle, la Syrah conduite en Espalier haut présentait un seuil maximum de 8-9 t/ha au-delà duquel une baisse des éléments de typicité Progrès Agricole et Viticole, 2010, 127, N°8

et de qualité était notée. Ainsi la Syrah dans ces conditions présentait une ‘robustesse qualitative’ nettement supérieure à celle du Carignan, alors que sa rusticité vis-à-vis de l’environnement est généralement jugée moins bonne. Il est à noter que dans ces essais, une large gamme de rendements avait pu être obtenue grâce à un enherbement de fétuque élevée, implanté en sol riche d’alluvions récentes, dont le degré de concurrence était modulé en fonction du pourcentage d’enherbement de l’inter-rang de 30 à 90%. Le Cinsaut, cépage considéré comme rustique, est luiaussi sensible au rendement pour produire des vins rouges de haute expression ; ceci nécessite en général des niveaux de 45 t/ha et des TAV de l’ordre de 14% ; les seuils de rendement sont plus élevés pour la production de vins Rosés de grande finesse. Le Cinsaut exprime donc son potentiel de qualité et sa finesse, à des seuils de rendement assez bas qui sont ceux du Carignan, mais dans un autre registre de typicité marqué par la finesse, alors que celle du Carignan est toujours marquée par une certaine rudesse. Le Grenache noir semble présenter à la fois une certaine rusticité vis-à-vis de la sécheresse (bien que la synthèse des composés phénoliques soit très affectée dans ces situations), et une robustesse moyenne vis-à-vis du rendement, intermédiaire entre celle de la Syrah et celle du Carignan. Le Mourvèdre est exigeant sur le plan hydrique, n’exprimant sa grande typicité qu’en situation de contrainte hydrique modérée et progressive au cours de la saison. Il peut être qualifié, plus de ‘fragile’ que de ‘rustique, même s’il reste un cépage de terroirs secs. Sa réponse au rendement est connue pour être très restrictive, avec des seuils relativement bas autour de 5 t/ha. Si l’on considère le Cabernet-Sauvignon, une estimation de ses réponses en matière de rusticité ou de robustesse le met dans une situation comparable à celle de la Syrah, cette dernière tolérant un peu mieux la sécheresse en général. Le Merlot, quant à lui, est relativement robuste vis-à-vis de la qualité en rapport avec le rendement, avec un seuil au moins égal à celui de la Syrah que l’on peut établir autour de

— 158 — 10-11 t/ha. Cependant, il est de rusticité moyenne, en étant relativement sensible à la sécheresse. Le Caladoc est incontestablement rustique et robuste à la fois ; il permet d’atteindre des rendements de plus de 12 t/ha avec une qualité acceptable, en notant tout de même, un peu comme pour le Carignan, la présence d’une certaine rudesse de la structure de ses vins, ce qui le rend sans doute plus attractif pour la production de Rosé. Le Marselan est assez extraordinairement rustique et très plastique en termes d’adaptation. Il tolère bien la sécheresse et conserve une typicité intéressante en situation fertile et productive. La petitesse de ses raisins limite un peu son rendement, avec une limite de son potentiel maximal aux alentours de 15 t/ha probablement ; mais des niveaux de l’ordre de 12 t/ha peuvent être obtenus avec une bonne qualité. Sa robustesse en matière de rendement et de réponse qualitative est probablement moindre que celle du Caladoc, mais sa typicité aromatique et polyphénolique le rendent très intéressant. Pour certains cépages blancs à haute expression de typicité, le Chardonnay peut être rangé dans la catégorie du Merlot, avec toutefois une meilleure tolérance à la sécheresse même si les informations sur ce point ne sont pas toutes convergentes. Le Sauvignon est généralement considéré comme assez peu robuste et moyennement rustique, avec une sensibilité à la pourriture grise. Néanmoins, il apparaît des insuffisances

au niveau de la connaissance de ses caractéristiques ; par exemple, certains le jugent inadapté aux tailles courtes, alors que de nombreux expérimentateurs ont réussi une bonne maîtrise du rendement et de la qualité en cordon de Royat. Son bon développement actuel et sa préférence vis-à-vis du Chardonnay dans de nombreux vignobles productifs, tendent à montrer en tout cas une certaine robustesse qualitative. Le Viognier présente une bonne adaptation aux climats de type méditerranéen, tout en perdant beaucoup de ses avantages qualitatifs dès lors que le bilan hydrique devient excédentaire. Il semble assez robuste vis-à-vis du rendement, même si une meilleure précision reste nécessaire à ce niveau. Tous ces jugements sur les seuils de rendements compatibles avec la qualité du vin restent très relatifs. Il conviendrait de les préciser en fonction du potentiel de Surface Foliaire Exposée et de l’environnement du vignoble. Néanmoins, il semble possible de conclure que les notions de tolérance visà-vis de l’environnement et de robustesse vis-à-vis du rendement sont relativement indépendantes, et qu’un premier classement des aptitudes des cépages sur ces deux critères peut rendre service. Il conviendrait aussi de déterminer un seuil de rendement ‘commercial’ au-delà duquel le consommateur moyen ne trouve plus ‘son compte’, et pas uniquement un seuil de typicité issu de jurys de spécialistes. Chaque cépage, en tout cas, apparaît comme une personnalité originale. A.C.

COMMUNIQUÉ :

CHAMBRES D’AGRICULTURE : LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FAIT ENTENDRE LA PRIMAUTÉ DU POLITIQUE Alors que l’agriculture française traverse une crise sans précédent – baisse de près de 50 % du revenu des agriculteurs en 2 ans, contraction de près de 40% du solde exportateur agroalimentaire en 2009 - Nicolas Sarkozy a présenté, ce matin dans son discours à l’issue du conseil des Ministres, des inflexions qu’il compte porter au niveau européen pour soutenir l’ambition de l’agriculture. Guy Vasseur, président des Chambres d’agriculture, a déclaré : «Avec ces mots, le Président de la République a pris la dimension de la crise actuelle et la nécessité de redonner des perspectives aux agriculteurs. En affirmant une position ambitieuse pour la PAC de demain, Nicolas Sarkozy rejoint notre analyse qui nous conduit à considérer que l’agriculture,

la sécurité alimentaire et l’équilibre écologique des territoires sont bien trop précieux pour être laissés dans les mains d’un libéralisme sauvage. Il s’agit dans les prochains mois de réaffirmer la place du politique pour contrer le libéralisme débridé, que certains perçoivent encore comme l’orientation à retenir pour la Pac de l’après 2013. Fort de cette orientation de l’exécutif français, nous contribuerons au niveau des Chambres d’agriculture, aux côtés de nos partenaires agricoles et du Parlement Européen, à faire valoir la pertinence d’outils de régulation rénovés pour toutes les filières et l’efficacité d’un budget agricole fort au niveau européen pour servir une PAC ambitieuse, au service de l’alimentation, des hommes et des territoires.

— 159 — COMITÉ DE LECTURE PAV Viticulture / Œnologie / Socio-Economie

TERROIR FACTORS: THEIR IMPACT IN THE VINEYARD AND ON THE SENSORY PROFILES OF RIESLING WINES LES FACTEURS DU TERROIR : LEUR IMPACT DANS LE VIGNOBLE ET SUR LE PROFIL SENSORIEL DE VINS DE RIESLING JAMES J. WILLWERTH1, ANDREW G. REYNOLDS2, AND ISABELLE LESSCHAEVE3 Graduate Student and 2Professor of Viticulture, Cool Climate Œnology and Viticulture Institute, Brock University, St. Catharines, ON, Canada L2S 3A1 3 Research Director-Consumer Insights & Products Innovation, Vineland Research and Innovation Centre, Lincoln, ON, Canada L0R 2E0 *Corresponding Author [email: [email protected]] 1

Abstract: The major focus of our research has been to explain terroir effects that impact wine varietal character. We sought to elucidate potential determinants of terroir by choosing vine water status as a major factor of the terroir effect. One of our hypotheses was that consistent water status zones could be identified within vineyard sites, and, that differences in wine sensory attributes could be related to vine water status. To test this hypothesis, ten commercial Riesling vineyards representative of each sub-appellation created by the Vintners Quality Alliance of Ontario (VQAO) were selected within the Niagara Peninsula. These vineyards were delineated using global positioning systems (GPS) and 75 to 80 sentinel vines were geo-referenced within a sampling grid for data collection. During the 2005 to 2007 growing seasons, vine water status measurements [midday leaf water potential (θ)] were collected biweekly from a subset of these sentinel vines. Data were collected on soil texture and composition, soil moisture, vine performance (yield components; vine size) and fruit composition. These variables were mapped using GIS software and relationships between them were elucidated. Vines were categorized into “low” and “high” water status regions within each vineyard block through the use of these geospatial maps and replicate wines were made from each region. Many geospatial patterns and relationships were found to be spatially and temporally stable within vineyards. Vine water status was found to be temporally stable within vineyards despite different weather conditions during each growing season. Generally, spatial relationships between vine water status, soil moisture, vine size, berry weight and yield were also stable from year to year. Vine water status also had some impact on the fruit composition in several vineyards. A sorting task was performed on wines from the 2005 and 2006 vintages. Wines of similar water status were shown to have similar sensory properties through sorting tasks and multidimensional scaling (MDS). Descriptive analysis using a trained panel further indicated that water status had an effect on wine sensory profiles. Similar attributes were significantly different for wines from different water status zones (p