Paule Constant - Cndp

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à la recherche de Jean Giono ... Un montage alterné d'images de la Provence, d' extraits de films et d' ... 20e siècle, description, écrivain, Provence : province.
L’émission du CNDP et de La Cinquième pour les écoles, les collèges et les lycées

FRANÇAIS COLLEGE-LYCEE

Recherche d’auteur

Paule Constant à la recherche de Jean Giono LA ROMANCIERE PAULE CONSTANT

nous parle de son admiration pour Giono, des affinités qu’elle se sent avec cet écrivain libre qui trouve dans l’écriture une façon de s’évader tout en ne parlant jamais que d’un lieu, la Provence.

© CNDP

Paule Constant nous fait part de sa découverte tardive de Giono, après de longs séjours à l’étranger. Elle trouve enfin chez un écrivain français ce qu’elle avait d’abord recherché chez des auteurs étrangers : une jubilation de l’écriture. Un montage alterné d’images de la Provence, d’extraits de films et d’interviews de Paule Constant et de Giono, brosse le portrait croisé de deux écrivains, dans leurs similitudes et leurs différences.

Informations

DECOUPAGE 00 mn 00 s Découverte de Giono Paule Constant relate le besoin qu’elle a éprouvé de trouver un écrivain drôle, sombre, puissant et universel pour échapper au marasme du nouveau roman. Giono distingue la Provence pittoresque des petits auteurs de celle, universelle, des grands écrivains. 03 mn 30 s La description Les personnages semblent nés de la pierre et ressemblent à cet espace aride. Paule Constant analyse le travail de la description chez Giono pour montrer que cette écriture n’est pas réaliste. 05 mn 10 s Le plaisir de l’écriture Giono rapporte une anecdote avec Gide au sujet de son bonheur de l’écriture. Paule Constant analyse la métaphore du hêtre pour évoquer l’écriture, puis elle explique son propre désir de « rendre les choses en les décrivant parfaitement ». 08 mn 10 s Une humanité monstrueuse Les personnages de Giono sont des criminels, des êtres violents qui agissent gratuitement. Giono considère la mort comme un phénomène naturel rassurant car elle donne sens à toute parole. 10 mn 10 s Écrire le monde, c’est écrire de l’intérieur Paule Constant compare ses désirs d’espace à ceux de Giono, puis elle livre sa définition personnelle de l’écrivain.

RENSEIGNEMENTS PRATIQUES Diffusion Conception Auteur Réalisateur Durée

Vendredi 9 mars 2001 / La Cinquième / 9 h 10 Claudine Cerf Sandro Sedran, Arlette Casas Sandro Sedran 13 minutes

2 Galilée : Paule Constant à la recherche de Jean Giono © CNDP 2001

OBJECTIFS DE LA SERIE Un romancier d’aujourd’hui va à la rencontre d’un auteur d’hier. Sur les lieux mêmes qui ont été fréquentés par ce dernier, notre mentor met en évidence, au-delà des personnages et des situations qu’il fait revivre sous nos yeux, les problèmes d’écriture que les deux auteurs ont rencontrés et l’universalité des thèmes, des sentiments et des atmosphères qu’ils ont évoqués.

CARTE D’IDENTITE Disciplines, classes et programmes concernés en priorité Français, 3e-2de. La description, le réalisme. Français, 2de-1re. Approche d’un auteur, d’une œ uvre, histoire littéraire et culturelle, création littéraire.

Principaux thèmes abordés La problématique du roman au XXe siècle. L’universalité par l’écriture. L’influence du milieu géographique sur les personnages. La justification et la jouissance de l’écriture.

Notions prérequises Réalité/effet de réel. Les focalisations.

Notions à expliquer « Sociologue de la géographie ».

Notions à mettre en place La transformation de la réalité par l’écriture, l’implicite.

Indexation Motbis 20e siècle, description, écrivain, Provence : province.

3 Galilée : Paule Constant à la recherche de Jean Giono © CNDP 2001

En classe

SUGGESTIONS PEDAGOGIQUES Ø Image et non-dit Français, 2de.

Un film, un documentaire, est le fruit du travail du réalisateur et de toute son équipe. Les élèves n’en sont pas toujours conscients et il s’avérera intéressant de mettre l’accent sur les indices, visibles ou non, de ce travail pour qu’ils comprennent ce que le réalisateur a voulu dire et comment il y parvient. • Le destinataire est bien le téléspectateur de l’émission. Aux élèves de retrouver les traces de la présence d’un autre destinataire, invisible, la personne qui interviewe Paule Constant et Giono. Dans le second extrait d’interview, l’interlocuteur, même hors champ, est rendu sensible pour le téléspectateur dans le « vous » employé par Giono. De même les paroles de Paule Constant sont autant de réponses à des questions non formulées. Mais il est un autre signe : les regards de Giono et de Paule Constant dirigés vers un autre point que la caméra et le téléspectateur. • De nombreux plans sont des images, en couleurs, de la nature, ensoleillée ou non, de grands espaces, d’arbres, de chevaux en liberté, de villages de pierre aux ruelles escarpées et tortueuses où l’on finit par découvrir Paule Constant. L’écrivain se retrouve dans le cadre cher à son auteur favori, Giono. La comparaison s’impose avec les images extraites du film Un roi sans divertissement. La confusion est parfois même possible lorsque, par un effet du montage, les images se succèdent. Seule différence : le « presque noir et blanc » (« harmonie de couleurs en camaïeu ») du film, mais la confusion est entretenue par le choix d’images de la nature souvent désolée, brumeuse. La position de ces images est-elle significative ? La même ambiguïté se retrouve avec la maison blanche aux volets verts où la caméra suit Paule Constant. Un lieu ou des lieux ? On arrive finalement à la conclusion qu’il s’agit d’un lieu unique : le bureau de Giono dans lequel se trouve le fauteuil de cuir. Paule Constant baigne dans l’univers de Giono. • Partir des images de la nature permet d’aborder le thème de la conception du documentaire en question. Pourquoi le choix de ces images, de ces extraits d’interviews et de film ? Les interventions de Giono, hormis celle qu’il fait à propos de la mort comme justification de l’écriture, viennent illustrer les dires de Paule Constant : la jouissance de l’écriture, le hêtre d’Un roi sans divertissement. Les extraits de film, qui présentent le projet d’une battue dans la région, le hêtre où sera retrouvée une des victimes et un commentaire du crime comme « distraction », illustrent des points abordés dans les interviews : les grandes cartes 4 Galilée : Paule Constant à la recherche de Jean Giono © CNDP 2001

géographiques, le hêtre, les monstres chez Giono. Tout semble concourir à renforcer le point de vue de Paule Constant, découler de son point de vue. Impression seulement. À quand le making of ?

Ø Le travail de l’écriture Français, 2de. La description, le réalisme.

Paule Constant nous accueille dans le bureau de l’écrivain qu’elle apprécie particulièrement parce qu’il tirait une grande jouissance de l’écriture. Mais l’écriture n’est pas le fait de la seule inspiration. Le regard se pose sur le bureau, les plumes utilisées par Giono, les cartes géographiques qu’il consultait. Confiné dans cet espace clos, l’auteur projetait ses personnages dans d’autres espaces. Ancrée dans la réalité de sa région, son œ uvre atteint l’universalité. Comment Paule Constant se positionne-t-elle par rapport à Giono ? Quelles sont les ressemblances et les différences entre les deux écrivains ? Elle note chez elle le même goût de la précision dans la description. Elle évoque une différence entre leurs personnages : quand ceux de Giono sont projetés dans l’immensité, les siens sont confinés dans des lieux clos, et cela à l’inverse de leur créateur (alors que Giono est confiné dans un petit bureau, près d’une petite ville, elle a parcouru, au cours de ses périples, des espaces immenses). Le point de départ est bien la réalité, qu’il s’agisse de la réalité géographique, du rapport très étroit entre l’individu et son cadre mais elle se transforme. La précision de la description transforme l’objet décrit en autre chose, le rend extraordinaire. Afin de distinguer l’univers personnel de l’écrivain d’un apparent réalisme, les élèves repéreront les représentations des trois Provence qui sont évoquées dans le film : celle des cartes que Giono aimait à consulter, celle de Mistral que l’écrivain dénonce comme factice et mièvre, et celle de Giono lui-même, ingrate, habitée par des monstres.

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FICHE ELEVE « Une Provence dure, pierreuse, violente… » [À utiliser en français, 4e-3e. Après avoir visionné l’ensemble de l’émission ou une séquence : la visite de Paule Constant au vieux mas.]

1. La Provence de Giono Repérez les caractéristiques de ce paysage hivernal (couleurs, sons, lignes...) et décrivez-le en un paragraphe.

2. La Provence pittoresque Devenez l’un de ces écrivains épris d’une Provence pittoresque en décrivant en un paragraphe ce même paysage mais sous un jour plus riant. Pour cela, repérez les éléments que vous devrez modifier, comme la végétation (lavande, arbres), les odeurs, les sons, les couleurs, etc.

6 Galilée : Paule Constant à la recherche de Jean Giono © CNDP 2001

Documentation

COMPLEMENT « Je ne connais pas la Provence... » Je ne connais pas la Provence. Quand j’entends parler de ce pays, je me promets bien de ne jamais y mettre les pieds. D’après ce qu’on m’en dit, il est fabriqué en carton blanc, en décor collé à la colle de pâte, des ténors et des barytons y roucoulent en promenant leur ventre enroulé de ceintures rouges ; des poètes officiels armés de tambourins et de flûtes « bardent » périodiquement en manifestations lyriques qui tiennent moins de la poésie que d’une sorte de flux cholériforme. J’aime la noblesse et la grâce, et cette gravité muette des pays de grande valeur. Non, je n’irai jamais dans cette Provence qu’on me décrit. Jean Giono, Provence, Gallimard, coll. « Folio », 1995, p. 83.

« Ce que je veux écrire sur la Provence... » Ce que je veux écrire sur la Provence pourrait également s’intituler : « Petit traité de la connaissance des choses. » On ne peut pas connaître un pays par la simple science géographique. On ne peut, je crois, rien connaître par la science ; c’est un instrument trop exact et trop dur. Le monde a mille tendresses dans lesquelles il faut se plier pour les comprendre avant de savoir ce que représente leur somme. La certitude géographique est semblable à la certitude anatomique. Vous savez exactement d’où le fleuve part et où il arrive et dans quel sens il coule ; comme vous savez d’où s’oriente le sang à partir d’un cœ ur, où il passe et ce qu’il arrose. Mais, la vraie puissance du fleuve, ce qu’il représente exactement dans le monde, sa mission par rapport à nous, sa lumière intérieure, son charroi de reflets, sa charge sentimentale de souvenirs, ce lit magique qu’il se creuse instantanément dans notre âme et ce delta par lequel il avance, ses impondérables limons dans les océans intérieurs de la conscience des hommes, la géographie ne vous l’apprend pas plus que l’anatomie n’apprend au chirurgien le mystère des passions. Une autopsie n’éclaire pas sur la noblesse de ce cœ ur cependant étalé sans mystère, semble-t-il, sur cette table farouchement illuminée à côté des durs instruments explorateurs de la science. Comme les hommes, les pays ont une noblesse qu’on ne peut connaître que par l’approche et par la fréquentation amicale. Et il n’y a pas de plus puissant outil d’approche et de fréquentation que la marche à pied. Id., ibid., p. 86-87.

7 Galilée : Paule Constant à la recherche de Jean Giono © CNDP 2001

POUR EN SAVOIR PLUS Paule Constant Ce professeur de littérature française qui vit actuellement en Provence a beaucoup vécu à l’étranger. L’Afrique a d’ailleurs inspiré plusieurs de ses romans (Ouregano, Gallimard, 1980 ; Balta, Gallimard,1983 ; et White Spirit, Gallimard,1989), ainsi que la Guyane où elle a également vécu (La Fille du gobernator, Gallimard, 1994, se situe à Cayenne). Elle s’intéresse aussi à l’éducation des femmes, sujet de Propriété privée (Gallimard, 1981), du Grand Ghâpal (Gallimard, 1991), et d’un essai, Un Monde à l'usage des demoiselles (Gallimard, 1987). Elle a reçu le prix Goncourt 1998 pour Confidence pour confidence (Gallimard, 1998).

À lire CITRON Pierre, Giono : 1895-1970, Le Seuil, coll. « Écrivains de toujours », 1995. GODARD Henri, D’un Giono l’autre, Gallimard, coll. « Blanche », 1995. LABOURET Denis, Les Grands Chemins de Jean Giono, Belin, coll. « Belin-Sup lettres », 2000. MAGNAN Pierre, Pour saluer Giono, Gallimard, coll. « Folio », 1993. SACOTTE Mireille (dir.), Giono l’enchanteur : actes du colloque international de Paris à la Bibliothèque nationale de France, oct. 1995, Grasset, 1996.

À visiter Le centre Jean Giono, boulevard Elemir Bourges, 04100 Manosque, tél 04 92 72 76 10. Site internet : www.karatel.fr/paysgiono/html/centrejg.html

À consulter www.france.diplomatie.fr/culture/france/biblio/folio/giono/ : un site du ministère des Affaires étrangères pour faire découvrir Giono. pages.infinit.net/poibru/giono/ : un remarquable site sur Giono, « le voyageur immobile ».

Auteur Relectrice pédagogique Coordinateur pédagogique Assistantes d’édition

Josiane Allart Agnès Lefillastre Loïc Joffredo Séverine Blondeau, Mathilde Rimaud et Apolline de Lassus